De nombreux praticiens sont frappés de voir à quel point la pratique de l’évaluation immobilière chez nos pairs Canadiens ou Américains, outre-Atlantique, est facilitée.
Cette facilitation réside notamment dans l’obtention des données d’exploitation et des renseignement pratiques inhérents à l’évaluation, mais aussi dans la fluidité des échanges qu’ont les évaluateurs agréées avec les professionnels du secteur de l’immobilier, ainsi que la qualité des organismes fédérateurs de la profession. La connaissance et la reconnaissance sociétale de l’évaluateur immobilier est jalousée par le corps professionnel Français.
Evalvé, dans sa volonté de clarification de la pratique, fait le point sur les pratiques à l’étranger et engage la réflexion sur la nécessité d’une réforme de la pratique de l’expertise immobilière.
Cette facilitation visible chez les évaluateurs agréés est synonyme, pour la pratique de l’expertise, d’une plus grande qualité et d’un rendu final d’autant plus pertinent. Qui dit pertinence en expertise dit justesse de la réflexion, donc diminution du caractère aléatoire et incertain de l’expertise, qui fait tant défaut chez certains acteurs. D’autre part, qui dit pertinence de l’expertise dit également transparence du marché immobilier. Cette transparence est nécessaire au maintien de l’équilibre de l’économie immobilière, et permet, si ce n’est d’éviter puisqu’elle est liée à la financiarisation, de limiter l’impact d’une crise immobilière, qui reste latente ces dernières années.
Et pourtant, si la pratique de l’évaluation immobilière est importante dans certains pays, elle l’est d’autant plus en France car elle peut tantôt être la base d’une expropriation, tantôt servir de renseignement patrimonial inhérent à une société, à la transmission successorale d’un patrimoine immobilier, au partage des patrimoines dans le cas d’un divorce, aux obligations des sociétés d’assurances et des OPCI/SCPI, etc… . La « noblesse » de la profession, sans tomber dans un dogmatisme nombriliste ou vouloir enjoliver ladite activité, mérite une reconnaissance et des moyens plus importants.
Des efforts ont été fournis en ce sens ces dernières années et se poursuivent encore aujourd’hui. Cependant, ces efforts ont aidé à structurer la pratique et homogénéiser les méthodologies des différents experts sur le territoire, mais pas à améliorer significativement le rayonnement de la profession, qui reste en deçà du statut observable dans certains pays étrangers.
L’évolution de la pratique est indéniable, notamment grâce au développement de l’informatique, qui a considérablement aidé les praticiens dans leur quête d’informations fiables. Le regroupement de la majorité des acteurs du métier, qui œuvraient auparavant chacun de leur côté, autour d’un document commun qu’est la Charte de l’Expertise en Évaluation Immobilière, est l’exemple le plus évocateur de l’évolution de la profession ces dernières décennies. Les efforts soutenus des acteurs professionnels et des regroupements d’experts sont évidemment positifs. Ceux-ci portent de nombreux projets et soutiennent une multitude de rendez-vous de conciliation, d’échange et d’ouverture à l’industrie immobilière.
Cependant, même si la progression de la profession est inévitable, une réforme est nécessaire pour dynamiser, moderniser et donner un élan nouveau à la profession. L’analyse des systèmes étrangers, qui en sont à des degrés d’évolution différents, est intéressante puisqu’elle permet de pointer les bénéfices que nous pourrions tirer d’une nouvelle organisation, tout en évitant certaines erreurs. En effet, certains pays ont pris conscience de l’importance de la profession depuis les années 1950, à l’image de la Nouvelle-Zélande, et représentent une source d’information pertinente.
La place occupée par les praticiens évaluateurs immobiliers dans certains pays et les apports qu’elle procure devrait être une source de réflexion et d’exemplarité dans l’hexagone. Cette prise en compte permettrait une jouissance plus grande des qualités et de la fiabilité de l’expert, bénéficiant non seulement à la profession, mais à l’ensemble de la société. En effet, cette évolution permettrait davantage de sécurité juridique, de transparence, une meilleure praticité et des avantages pour le particulier qui en verrait sa faculté de contestation améliorer, et donc garder le contrôle sur la valeur de son patrimoine.
L’administration fiscale également serait bénéficiaire de la pratique encadrée de la profession et des pouvoirs plus importants conférés à l’expert. Quant à la sécurité fiscale, notamment en matière de prêt bancaire, ou la sécurité juridique dans le cadre de litiges, elle en serait également largement bénéficiaire. Reste à s’en donner les moyens, et à proposer à l’expert immobilier sa véritable place dans le monde de l’immobilier, qu’il aspire à gagner dès que les pouvoirs publics lui accorderont leur confiance. Il s’agit aussi de savoir si une pratique encadrée de la profession est souhaitable, et de surcroît, si elle est souhaitée.
La question posée en tête du présent article se veut volontairement provocatrice. L’immobilisme n’apparaît effectivement pas directement en termes d’expertise immobilière, les efforts consentis ces dernières années en France le démontrent. Il n’en reste pas moins que la question mérite d’être posée, puisque l’immobilisme est, stricto sensu, la « Disposition à se satisfaire de l’état politique présent, se traduisant par l’opposition à toute modification de la situation ; politique d’attente et de maintien du statu quo. ». S’en tenant à cette définition, et outre la charte de l’expertise en évaluation immobilière, déjà ancienne, le fourmillement de la profession et des organismes y afférents peut-il s’apparenter à cette définition ? N’y a-t-il pas des évolutions considérables pour lesquelles il est nécessaire de travailler pour faire réellement progresser la profession ?
Besoin de contacter un expert immobilier pour évaluer vos biens immobiliers en France? Contactez un Expert Evalvé !
Evalvé tente de décomplexifier la pratique de l’évaluation et de rendre accessibles aux chefs d’entreprises, aux Directeurs administratifs et financiers et au grand public les informations relatives aux pratiques des experts immobiliers en France.
© Vous avez aimé et souhaitez reprendre des éléments de cet article? Citez Evalvé avec un lien vers cette page !
Crédits photos: Pixabay – Huskyherz / Tama66 / 3844328